Qu’est-ce que le henné ?
Caractéristiques botaniques
Le henné ou Lawsonia inermis est un arbuste épineux faisant partie de la famille des Lythracées. Lawsonia serait un hommage rendu au médecin écossais mort au cours du XVIII ème siècle, Isaac Lawson. C’est son homologue naturaliste, Carl linnaeus soit Carl Von Linné qui donna cette dénomination latine au henné dans son ouvrage Hortus uplandicus dans lequel il effectue une classification des plantes selon leurs organes sexuels. C’est d’ailleurs ce système de classification botaniste aujourd’hui en vigueur. Lawsone est également le nom de la molécule présente dans les feuilles de henné, molécule conférant à cette plante la capacité tinctoriale.
Cet arbuste peut atteindre 3 mètres de hauteur. Ses rameaux sont d’une teinte grise claire et donnent de petites fleurs blanches odorantes, réunies en grappe, virant peu à peu au rouge. Les feuilles quant à elles deviennent jaunes lors des périodes fraîches. En effet le henné ne pousse pas sous une température inférieure à 11 degrés. Cela explique que la culture de cette plante se fait principalement dans les régions tropicales et subtropicales dont la température avoisine les 35 à 45 degrés comme en Afrique, en Asie, en Australie, en Inde ainsi qu’en Iran.
Ce végétal possède également de petites graines noires ainsi que des fruits rougeâtres.
Il n’existe pas qu’une seule variété de henné. Citons par exemple le henné dit « naturel » provenant du Lawsonia inermis et étant le plus répandu, le henné « neutre » soit le Cassia obovata ou encore le henné indigotier qui est issu de l’Indigofera tinctorium.
Lorsque le henné est mélangé au PPD soit le paraphénylènediamine qui est un composant cosmétique courant, des crises allergiques peuvent se déclarer. Ce mélange a d’ailleurs été déconseillé par l’AFSSAPS (aujourd’hui ANSM) soit l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Son utilisation est fortement contrindiquée chez les jeunes enfants car la substance peut être toxique lorsque celle-ci passe les barrières cutanées, encore trop peu solidifiées chez les enfants, pour se mélanger au sang.
Origine et mondialisation du henné
Le Lawsonia inermis serait originaire d’une région se situant entre le Sud de l’Iran et de la Mésopotamie correspondant majoritairement à l’Irak actuel. Cette plante tinctoriale aurait traversé les civilisations d’un point de vue historique mais également géographique. En effet, son développement mondial serait le fruit des migrations de certains peuples, migration commençant à devenir massive en 2 200 environ avant notre ère dans les régions Mésopotamiennes avec les attaques des peuples dits « barbares ». Dès – 1 300, ce végétal arrive dans les commerces égyptiens où il trouve une forte utilisation tinctoriale et médicinale. Ainsi dès le Moyen-Age, c’est une plante déjà présente sur tout le littoral qui borde la mer rouge. Cette expansion ne fera que se développer durant la Renaissance avec les voyages abondant.
Utilisations du henné
Coutumes liées au henné
La première coutume avérée utilisant le henné est la coloration des cheveux. Cette pratique est directement observable sur le corps momifié du pharaon Ramsès II, pharaon de la XIX –ème dynastie durant l’Egypte Antique. En effet son corps mais également ses cheveux étaient recouverts de teinture rouge-orangée qui s’avérera être un mélange de henné et de sang de bœuf, parfois remplacé par du têtard écrasé. Utilisé comme cosmétique mais également comme remède médicinal pour assainir la peau et les plaies, c’est un excellent fortifiant pour les cheveux.
Cet arbuste est accompagné de fortes traditions dans le monde oriental. Ce végétal tinctorial décore les mains et les ongles des jeunes mariés, c’est ce que l’on appelle « la nuit du henné », cérémonie de l’union durant laquelle la mariée est parée de tatouages rouge-orangé et coiffée de tresses réunies dans un anneau en argent car symbole de pureté. S’ensuit la bénédiction de fertilité et de bonheur. Cette forte connotation positive provient en grande partie de la symbolique de cette plante dans la religion musulmane. En effet, elle est également connue comme étant « l’arbre qui pousse au paradis » et aurait donné naissance à la fleur favorite du Prophète Mahomet. Il est donc normal d’y attacher des croyances comme le fait que le henné repousserait les mauvais esprits et la malchance et ferait prospérer la fortune et la vie. Cette coutume des fiançailles n’est pas unique car déjà dans l’Assyrie Antique qui correspond à une région nord de la Mésopotamie, les paumes et ongles des jeunes mariées étaient décorés de dessins au henné. On retrouve d’ailleurs cette même acceptation dans la légende syrienne de Baal et Anath, légende relevant de la mythologie du Proche-Orient.
Ce rite contre le mauvais œil introduisant cette plante comme substance divinatrice se retrouve lors de la cérémonie de naissance à laquelle s’ensuit le rite du baptême. A la naissance de l’enfant, 7 jours exactement après son entrée dans le monde, on dessine sur sa paume un motif au henné. Ces traditions se perpétuent et on les retrouve lors du rite de la circoncision durant laquelle la mère enduit de henné les cheveux nattés d’un bracelet et d’un loubana, collier de pierres qui se trouve beaucoup dans les régions dites berbères. Pour clôturer ce rite le jeune garçon reçoit une pièce en argent et une bourse de harmel, le harmel étant une plante de laquelle est récoltée une graine noire de forme triangulaire.
Toutes ces coutumes sont tirées de l’histoire, certaines se perpétuent où se modifient cependant nous remarquons que malgré l’évolution des coutumes et des mœurs, le henné reste une plante très ancrée dans l’imaginaire contemporain et surtout très appréciée de certaines civilisations. L’utilisation du henné s’est développée de nos jours et n’est plus réservée à un usage strict de coloration. Sa propriété olfactive, odorante lui confère des propriétés très appréciées en parfumerie.
Le henné, plante tinctoriale très populaire de nos jours
Le henné se trouve généralement en poudre. Cette substance ainsi mélangée à un liquide comme de l’eau ou de l’huile se transforme en une pâte plus ou moins épaisse dont l’application peut être multiple : cataplasme, encre pour dessins corporels, colorant pour les cheveux … Toutes ses applications regroupent cependant une même caractéristique du henné, sa capacité tinctoriale, cela signifie que cette plante a la capacité naturelle de teinter en rouge orangé les tissus, la peau, les cheveux … D’autres plantes ont cette même propriété, citons par exemple le rocou, la grenade, le santal et autres qui vont teinter de coloris différents les surfaces. Avec le henné, cette capacité est activée grâce à la molécule lawsone réagissant au contact de la kératine. Cela explique l’usage quasiment unique de cette plante sur les cheveux et parties cutanées car la peau est recouverte de poils. Cette molécule est libérée principalement lors de la réduction en poudre des feuilles.